A quoi sert le genévrier ? Si vous avez la chance de tomber sur un genévrier, n'hésitez pas à récolter quelques baies car elles sont comestibles et peuvent être utilisées en cuisine (gibier, choucroute) Nos ancêtres connaissaient les nombreux bienfaits de l'arbuste et racontaient que manger une baie de genévrier chaque jour éloignait la maladie.
Juniperus communis, est un petit arbuste conifère qui pousse sur les sols calcaires ou sableux. Il produit les baies de genièvre, ou baies de genévrier, au goût de pin prononcé et avec lesquelles ont fabrique une eau-de-vie depuis le XVIème siècle: le genièvre. La plante entière, les baies, le bourgeons et l'huile essentielles ont chacun des utilités différentes en phytothérapie. Un article à part pourra être consacré à l'huile essentielle de genévrier.

Utilisation traditionnelle
Les indications thérapeutiques du genévrier remontrait à l'antiquité Égyptienne. Les Grecs en connaissant bien les vertus. En France, il est toujours utile de rapporter le témoignage de Cazin, le père de la phytothérapie moderne au XIXème siècle. Dans son Traité des plantes médicinales publié en 1868, il écrit à propos des baies de genièvre :
On les emploie dans les affections catarrhales pulmonaires et vésicales chroniques, la phthisie, la leucorrhée, la blennorrhée, la néphrite calculeuse, la chlorose, l'aménorrhée par débilité, l'hydropisie, l'albuminurie, l'asthme humide, la bronchorrée, le scorbut, les engorgements des viscères abdominaux, les cachexies, les affections cutanées chroniques, rhumatismales, etc. François-Joseph Cazin, Traité des plantes médicinales.
La médecine ayurvédique en fait un usage quasi-identique, auquel on peut rajouter qu'il était prescrit pour la tuberculose. Il fait aussi partie de la tradition médicinale nord-américaine.
Si vous ne deviez retenir qu'une seule chose de cet article, c'est que le genévrier, en particulier les baies, peut être utilisé à chaque fois qu'il y a infection des voies respiratoires ou urinaires, et cas de désordre intestinaux (diarrhée, constipation, ballonnements).
Intérêt thérapeutique et utilisations
L'intérêt principal du genévrier est sa propriété antibactérienne.
L'extrait alcoolisé de genévrier, ou teinture, a montré un effet sur des bactéries des genres Acinetobacter, Bacilus, Brevundimonas, Brucella, Enterobacter, Escherichia, Microccocus, Pseudonomas, Staphyloccocus, Streptoccocus, Xanthonomas, Salmonella, Listeria, Clostridium, mais aussi sur Helicobacter pylori et Klebsiella pneunomiae. Il a des propriétés anti-tuberculeuses (mycobacterium tuberculosis) démontrées dans plusieurs études. De nombreuses études ont montré l'action antibactérienne du genévrier contre d'autres souches. Ce qu'il faut retenir c'est qu'il s'agit sur un large spectre de bactérie et qu'il sera toujours le bienvenu en accompagnement d'un traitement antibiotique.
C'est, de plus, un antifogique pouvant être utilisé contre Candida albican et d'autres espèces de Candida. Il contribuerait à éviter la formation des biofilms.
Enfin, c'est un antiviral utile contre Herples Simplex 1 et le Sars-coronavirus (il ne s'agit pas du Covid-19 et à ma connaissance il n'y a pas eu d'étude à ce niveau là).
Il faut bien retenir que l'activité antimicrobienne du genévrier se limite au système digestif, et aux sphères respiratoires et urinaires. Cependant on peut aussi l'utiliser en décoction et en teinture pour traiter certains problèmes de peau en application externe ou pour désinfecter les plaies superficielles.
D'autre part, le genévrier est protecteur hépatique, ce qui justifie sa consommation lors de la prescription d'un traitement présentant une certaine hépatotoxicité, sachant qu'il n'y pas, à ma connaissance, d'interaction thérapeutique connue du genévrier. Mais aussi en cas d'hépatite chronique. Attention toutefois en cas de diabète car la plante entière est hypoglycémiante (voir contre-indications).
L'extrait de juniperus communis présente un intérêt dans les maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer car il est neuroprotecteur. Quelques études ont montré la protection des tissus nerveux et l'amélioration de la mémoire des animaux exposés.
Baies de Genévrier

C'est la partie la plus couramment utilisée car elle concentre tous les principes actifs qui nous intéressent.
Les baies sont stomachiques, c'est-à-dire toniques du systèmes digestif. Elles facilites la digestion, l'élimination des gaz et limitent les ballonnements. Leur effet antibactérien les rend utile en cas d'infection intestinales. Stephen Buhner conseille de consommer 1 à 5 baies par jour pendant deux semaines en cas de diarrhées.
Elles peuvent accompagner le traitement des infections urinaires, en particulier lorsqu'elles deviennent chroniques, mais avec d'autres plantes, telles que la busserole, la bruyère et les plantes à berbérine.
Elle peuvent, de même, être utilisée en complément dans le traitement d'infection respiratoires.
Elles ont un effet anti-inflammatoire. Il semble y avoir une longue tradition de cure de baies de genièvre pour soulager l’arthrite, et les rhumatismes.
Les baies et l'huile essentielle ont montré une activité antioxydante et légèrement chélatrice des métaux lourds in vitro. Elles augmenteraient la production d'enzymes antioxydantes, tel que le SOD (superoxyde dismutase).
Enfin, de nombreuses études ont répertorié l'activité contre la prolifération des cellules cancéreuses. Mais aussi, une capacité à provoquer l'apoptose, c'est-à-dire la mort des cellules cancéreuses.
Dosages usuels
Teinture des baies : ratio 1/5. 20 gouttes jusqu'à 3 fois par jour. La teinture de la plante entière peut être intéressante si on recherche un effet anti-inflammatoire, dans le cadre de l'arthrite par exemple.
L'infusion et la décoction ne sont pas vraiment les modes habituels de préparation, et ont peu été étudié. Cependant, on peut les utiliser en usage externe, comme désinfectants et contre les maladies de peau (psoriasis, parasites...).
Contre-indications et dangers
Le genévrier pourrait empêcher l'implantation de l'embryon dans l'utérus, et réduire la fertilité pendant la consommation, donc pas de genévrier pendant la grossesse. Un usage sur le long terme pourrait irriter les reins, on ne l'utilisera pas non plus en cas d’insuffisance rénale.
Autrement, le genévrier n'est pas toxique s'il est utilisé conformément aux dosages et durées limites.
Sources
Herbal Antibiotics p179. Stephen Harold Bühner